Présentation du cours de Jean-Robert ALCARAS (octobre 2010)
Présentation du cours et de sa problématique
Le temps de l’action.
Notre perception quotidienne du temps nous donne souvent des occasions de nous interroger et de nous étonner : nous en vivons en effet très souvent de drôles d’expériences… C’est peut-être la raison pour laquelle cette question du temps gène bien souvent les économistes, mais aussi les philosophes, qui préfèreraient l’éviter plutôt que de l’aborder de front ! Le temps est-il un phénomène subjectif ou objectif ? Que peut-on dire de la nature du temps ? De son ontologie ? Comment expliquer ces drôles d’expériences que nous en faisons dans le quotidien ?
Sans prétendre donner une définition exhaustive, philosophique ou générale du temps, nous envisagerons ici la question du temps à partir de l’idée d’action, de changement et d’invention — de transformation du monde dans lequel nous vivons. Si nous voulons agir (au sens général du terme, mais aussi au sens plus spécifique que lui donne Hannah Arendt : apporter de la nouveauté dans le Monde ; transformer ce Monde par l’effet de nos actions et de nos décisions), et comprendre le caractère irréversible des transformations issues de ces actions, de quelle conception du temps avons-nous besoin ? On tentera ainsi de déboucher sur une typologie des temps pour mieux comprendre quel est le temps de l’action humaine. A partir de cette typologie, on étudiera alors la façon dont les économistes abordent cette question du temps dans leurs modèles théoriques, pour mettre en évidence le rapport problématique que ces modèles entretiennent avec le temps, l’action, l’invention et le changement. Cela reviendra, en quelque sorte, à essayer d’expliquer pourquoi les théories économiques ne sont pas — en général, à l’exception notable de quelques contributions majeures sur lesquelles il nous faudra nous attarder quelque peu —, des supports efficients pour nous aider à transformer le monde dans lequel nous sommes. Le plan du cours sera le suivant :
I – Le temps est-il une « chose » inhumaine ?
II – Les trois temps du changement irréversible : temps entropique, temps anthropique, et temps téléologique.
III – Et les économistes ? Quel est leur rapport au temps ?