Présentation du cours de JL Héraud du 30 janvier 2018

Présentation du cours de JL Héraud du 30 janvier 2018

Jean-Loup Héraud, Estelle Delassalle :

L’art du « corps-vieux ; de la laideur du corps-vieux dégénéré au corps mutant regénéré

Rappelons-nous cette émouvante œuvre photographique de G. Wearing moi à 3 ans, que j’ai montré à plusieurs reprises au cours de ces années : moi adulte, je peux emprunter le masque de l‘enfance et changer ainsi l’âge de mon regard, voire même changer de corps et rajeunir…. Nous avons plusieurs âges simultanés…

Cependant, la vieillesse est communément jugée comme le temps de la dégénérescence (biologique) du corps, avec la perte progressive de ses capacités. Il est figuré sous la forme de la laideur, y compris paradoxalement dans l’art contemporain avec souvent complaisance proche de l’obscénité : Mueck, Rustin, Serrano… etc

Mais sous soutiendrons une posture inverse : le « corps-vieux" peut s’affranchir de sa déchéance et re-vivre indéfiniment !! Cela tient au fait que le « corps-vieux" est indéfini pour au moins trois raisons :

-Comme concept : on ne sait pas ce qu’est un corps-vieux, il existe plus de 300 définitions différentes!!!!!!

-Comme âge chronologique ou classe d’âge : on ne sait quand commence la vieillesse-ment du corps, comme le montre l’artiste Opalka qui enregistre la trace quotidienne de son visage..

-Comme durée enfin : on nous promet de mettre fin à la vieillesse, par la mort ou par une longévité indéfinie ? Les livres sont légions qui nous l’annoncent, encore récemment, une vie sans fin de Frédéric Beigbeder

 

Dans une première partie, nous montrerons à travers l’art, principalement contemporain, la variété des figures du « corps-vieux", signe de la perte d’une part de notre humanité. Cette dévalorisation touche davantage le corps de la femme vieille, comme s’il manifestait le manque ontologique qui, au fond, caractérise constitutivement à tout âge l’être de la femme : pourquoi ?

Dans un deuxième temps, nous présenterons les deux postures qui opposent au fond la définition même de la vieillesse, voire nos attitudes même : la normalité de la vieillesse (aboutissement ou fin) d’une part contre la vieillesse considérée comme un état pathologique (un mal inéluctable, contre-nature..).

Mais si la vieillesse est pathologique on doit alors pouvoir y remédier, voire même la mettre en échec … Vous ne devinerez jamais qui a écrit la prophétie suivante, je vous le donne en mille « … il doit arriver un temps où la mort ne serait plus que l’effet, ou d’accidents extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et qu’enfin, la durée de l’intervalle moyen, entre la naissance et cette destruction, n’a elle-même aucun terme assignable ?". Annonçant ainsi les idéologies transhumanistes et leur traduction artistique chez Stelarc par exemple, proclamant l’obsolescence du corps biologique. On consultera avec profit le récent Françis Wolff Trois utopies contemporaines Pf ou dans un sens différent Vincent Billard Eloge de ma fille bionique, philosophie du handicap, humanisme et transhumanisme.

Une surprise enfin pour la dernière partie ! Estelle Delassale, artiste et conceptrice d’un projet ambitieux avec Laurent Derobert, nous contera la capacité de l’art d’aujourd’hui à créer ou re-créer la renaissance monumentale de la mémoire d’aujourd’hui dans l’histoire d’un voyage à venir indéfini… Quelle renaissance monumentale ? Vous le saurez ce mardi prochain.

 

 

 

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