Thème 2015/2016

Thème 2015/2016

THÈME DES COURS 2015-2016

« La Mémoire / L’oubli »

La mémoire désigne tout autant la faculté générale de se souvenir (conserver et
restituer des informations) que les effets qu’elle produit (les souvenirs eux-mêmes).
L’une des fonctions de la mémoire est d’abord biologique : c’est elle qui permet à
tous les êtres vivants d’apprendre et de s’adapter à leur milieu. Mais pour l’être
humain, animal psychique et politique, la mémoire revêt deux autres fonctions très
importantes et spécifiques qui en font un élément constitutif de son humanité. Une
fonction psychique, d’abord : pour raisonner, l’homme a besoin de faire resurgir dans
son esprit et/ou sa conscience des représentations anciennes (sans mémoire, pas de
cheminement possible pour la pensée) et de les reconnaître comme telles (il a
conscience que ce sont des souvenirs). Il en a aussi besoin pour construire son
identité personnelle et nourrir sa conscience de soi. Une fonction sociale, ensuite : sa
mémoire est tributaire des contextes sociaux dans lesquels il s’inscrit et des
représentations collectives véhiculées par le groupe auquel il appartient. Sans
mémoire, l’homme ne pourrait pas assimiler l’héritage culturel qui l’humanise (langage,
histoire, politique, art, techniques, savoirs, croyances, normes et valeurs).

Une infinité de questions viennent alors à l’esprit… Comment comprendre le
fonctionnement de notre mémoire ? L’identification des éléments physico-chimiques
qui sont le siège de la mémoire permettent-ils de comprendre sa dimension psychique
ou sociale ? Que faire, alors, des mémoires artificielles ? Et puis, pourquoi les
historiens distinguent-ils histoire et mémoire ? Quelle différence entre « devoir de
mémoire » et « devoir d’histoire » ? Et l’oubli ? Défini comme l’absence ou la
défaillance de la mémoire, n’est-il que le résultat de l’effacement des souvenirs ?
Est-il toujours à redouter ? N’est-il pas parfois nécessaire à la santé psychique, à
l’affirmation et à la création de soi ? Si l’oubli peut être pathologique, la rumination
morbide du passé ne l’est-elle pas tout autant ? N’y aurait-il pas aussi des oublis non-oubliés,
des souvenirs qui ne seraient oubliés que pour la conscience, refoulés mais
subsistant à l’état de traces (pour le meilleur ou pour le pire) ? Et d’un point de vue
collectif, doit-on et peut-on lutter contre l’oubli ou le déni des exactions passées par
des injonctions à se souvenir ? Le « devoir de mémoire » ne procéderait-il que de
ruminations inutiles ou au contraire d’une nécessité absolue pour panser les blessures
et éviter le retour de l’horreur ?

L’UPA vous invite à réfléchir avec nous sur le thème de la mémoire et de l’oubli issu
d’une proposition portée par les auditeurs. Comme chaque année, nous chercherons à
définir et à questionner ces concepts pour les soumettre à la pensée et au jugement
critique d’une manière collective et pluridisciplinaire.

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