Présentation du cours de Sophie Roux (octobre 2010)
Le temps des regards….
« On y voit rien ! » écrit l’historien d’art Daniel Arasse à propos des peintures. Quelle est donc cette cécité qui frappe parfois le visiteur de musée face aux œuvres dites d’art ?
La déambulation muséale et patrimoniale est une pratique culturelle qui avant André Malraux, dérive du jugement de goût exercé comme Diderot, lors des expositions aux Salons aux temps des Lumières.
Mais depuis Homère, le « voir » est consubstantiel du « dire », et en Grèce les discours rhétoriques et des textes de natures diverses, exercices de style, abondent pour raconter et faire voir par la description vivante les œuvres célèbres peintes ou sculptées.
La mise en mots d’œuvres faites pour le regard apporte –t elle plus de visibilité ? Quels sont les enjeux et les effets des discours savants dont la visite guidée institutionnelle ordinaire est une variante ?
Michel Foucault ouvre « Les mots et les choses » par une éblouissante description/analyse des Ménines de Vélasquez, il démonte la machine de vision qu’est cette peinture et son récit fait surgir de l’absence, du vide, la place du spectateur. Vélasquez y avait il pensé ?
Nous allons prendre le temps pour expérimenter les récits/analyses qui « ouvrent » des œuvres, ou les fondent, et mettre en balance l’exercice notre propre regard.
Nous organiserons ainsi un temps du voir qui permet de saisir le visible de l’œuvre, de le parler pour construire ensemble le partage du sensible, voire plus si affinités.