Présentation de la conférence de clôture de Jean-Louis Sagot-Duvauroux (15 juin 2010)

Présentation de la conférence de clôture de Jean-Louis Sagot-Duvauroux (15 juin 2010)

La modernité, un objectif
impérial ?

« L’homme
africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire" : cette assertion
de Nicolas Sarkozy à l’université de Dakar a provoqué beaucoup de réactions
indignées. Pourtant, elle est en phase avec une vision presque universellement
partagée, vision typiquement « moderne", celle qui fait de l’histoire
occidentale le vecteur unique de l’aventure humaine, vecteur dont l’Occident
constituerait tout naturellement la pointe. Que les
« sous-développés", les « en voie de développement" engagés
dans le « développement", voire le « rattrapage" ne soient
pas assez entrés dans l’histoire est contenu dans les dénominations même sous
lesquelles on se représente leur destin politique et culturel. Si leur objectif
historique est de rejoindre l’Occident, il n’y a rien d’incongru à souhaiter
qu’ils le fassent plus vite et plus complètement. Le champ culturel et
artistique est un des espaces où le concept historique de modernité est soumis
à la question. Au début du siècle dernier, déjà, Marcel Duchamp pulvérise
potentiellement le paradigme de l’art et de l’artiste tel qu’il s’est forgé
depuis la Renaissance en signant comme « oeuvre d’art" un urinoir
industriel. Aujourd’hui, la « coopération culturelle" s’épuise à faire
entrer les pratiques cuturelles du Sud dans le brodequin usé des critères de la
modernité occidentale. Jean-Louis Sagot-Duvauroux explore ces frictions à la
lumière de son engagement dans la vie culturelle du Mali.

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