«Théâtre et modernité ? Hypothèse : si dans l’histoire du cinéma le thème de la modernité s’incarne dans une courte période, celle des années 60, celle du surgissement de Bergman, d’Antonioni, de Godard, ce même thème concernant l’histoire du théâtre épouserait une période beaucoup plus longue. Une période qui commencerait avec l’invention de la mise en scène à la fin du 19ème siècle et qui se poursuivrait jusqu’à aujourd’hui, en ce début de 21ème. Des grandes étapes en seraient : les avant-gardes, le brechtisme, les écritures dramatiques contemporaines depuis le théâtre de l’absurde, les nouvelles technologies. On y parlerait de la mise en question de la dramaturgie classique et des dispositifs scéniques traditionnels, de linéarité et de discontinuité, d’illusion et de réalité, de réel et de virtuel.

Et puis surtout, il faudrait questionner la question initiale, celle de la modernité. Se demander, si ce terme épouse ceux de l’innovation et du progrès par exemple, se demander donc en quoi cela concerne vraiment le théâtre qui est un art labouré en permanence par ses origines archaïques, pulsionnelles, qui est une sorte de processus archéologique, baignant dans « l’inquiétante étrangeté » qui naît de ce jeu des contraires que sont le concret et le mental.»

JF Matignon