Fiction, mondes possibles et utopie. Nous montrerons que la fiction produit de l’utopie en nous appuyant sur la « théorie des mondes possibles » : celle-ci que nous exposerons introduit une régulation rationnelle dans le jeu de la fiction qui n’est pas pure invention ou imagination mais fabrication d’un monde qui n’existe pas mais qui aurait pu ou pourrait exister. L’utopie introduit un réquisit supplémentaire en imposant un monde idéal qui non seulement peut, mais doit ou devrait exister à la place du monde actuel.

Trois traversées :

1. Avec le thème Mutation du corps et corps en mutation nous prolongerons notre réflexion autour des interventions chirurgicales de l’artiste plasticienne Orlan pour poser la question des transformations inévitablement futures de notre propre corps par les bio-technologies, en faisant une incursion (mais pas seulement) dans le Bio-Art (E. Kac)

2 . La seconde séance du cycle de Jean Loup Héraud Corps en mutation mutations du corp aura comme sujet la science-fiction, laboratoire des métamorphoses de l’humain.Nous continuerons notre présentation et interrogation sur les différentes formes de mutation qui vont bouleverser en profondeur la biologie du corps vivant de l’homme au XXIème siécle. Particulièrement sur la question de l’hybridité corporelle, qui est celle du couplage du vivant avec (ou dans) l’artificiel.Comme l’art-bio, la science-fiction (littéraire ou filmique) explore les situations limites aux frontières de l’« humanité » et de « l’humanitude ». Elle construit avec rigueur une multiplicité de mondes possibles qui, pour fictifs qu’ils soient, n’en questionnent pas moins en retour la nature et le sens de ces évolutions futures : le corps technicisé sera-t-il obsolète ? Entrainera t’il une perte d’identité, ou la recherche de nouvelles formes identité ? En résultera t’il une altérité ou altération de notre « nature »? L’homme sera t’il sur-homme, sous-homme, ou deviendra t’il…. homme ? A partir d’un matériau concret, nous assisterons à la naissance du cyborg-femme le Major Motoko Tusanagi dans le générique du magnifique film d’animation japonais Ghost in the Shell et à la quête de son identité ambivalente, avant d’aborder les formes de sexualité possibles dans Gens de la Lune, roman de J. Varley.

3 . Dans la troisième et dernière séance, qui aura pour thème Mettre le monde en rapport avec ce qu’il n’est pas nous choisirons de réhabiliter un auteur français de littérature fantastique Maurice Renard. Nous ferons un choix de lecture de son roman Le Péril Bleu (1912), drame qui se passe dans le Bugey : l’auteur montre avec une rigueur hallucinante et fascinante la totale imbrication et compénétration du monde réel et d’un monde fictif invisible, celui-ci étant la contrepartie symétrique du premier. De même que les mondes fictifs ne sont jamais que la projection et l’extension du monde réel, le monde réel n’est jamais que l’actualisation de l’un des mondes possibles. Telle est la fonction de l’art sur l’utopie d’un homme ou d’un monde hybride : " L’art peut jouer un rôle important en suscitant une discussion culturelle sur ces sujets. En présentant des exemples tangibles de scénarios soumis à réfutation, l’art peut fournir un point de départ pour un débat philosophique et éthique élargi."