La science se donne fondamentalement comme programme et comme méthode l’esprit critique appliqué à l’objet choisi par le scientifique : elle est à ce titre l’héritière évidente de la philosophie et de son ardent plaidoyer pour la pensée rationnelle, dont vient de nous parler Muriel Damon. Il était donc normal que nous abordions la science et sa (ses ?) méthode(s) dans cette deuxième partie du programme de l’UPA, consacrée à des réflexions sur la construction de la pensée critique.

Qu’entendent donc les scientifiques quand ils pensent faire preuve d’esprit critique ? Quelle méthode employer pour ce faire ? Et pour obtenir quel résultat ? Sur ces questions d’ordre méthodologique et épistémologique, les réponses ont varié au cours du temps qui a forgé peu à peu la science dite « moderne" depuis le 17ème siècle.

Pour simplifier la présentation de ces débats importants et complexes, je vous propose de comparer « l’ancien" et le « nouveau" discours de la méthode à la manière dont Jean-Louis Le Moigne, professeur émérite des Universités en Science des Systèmes, les présenta dans les années 1970. Il fit cela à un moment où le développement des sciences de l’homme et de la société, mais aussi des « nouvelles sciences" (cybernétique, informatique, recherche opérationnelle…), butait sur les représentations méthodologiques canoniques. Ce faisant, il rejoignait sans le savoir encore le travail d’Edgar Morin qui, lui aussi, cherchait à construire sa « nouvelle" méthode pour penser la complexité du monde d’aujourd’hui.

Jean-Robert ALCARAS